It is good to be here!
Carlo Caretto, l’Italien et fondateur des Petits Frères de l’Évangile, est devenu un des plus grands maîtres spirituels du Vingtième siècle. Après vingt ans de service auprès des jeunes de l’Action catholique italienne, Caretto décide de renoncer à sa vie dans le monde et de se retirer au désert du Sahara. Là, il passerait de longues années à la recherche de Dieu dans la solitude dans la prière et à traduire la Bible dans la langue des Bédouins du désert. À l’occasion de l’une de ses rares visites en Italie pour revoir sa mère, Caretto fut pris d’une réalisation qui allait le bouleverser et le transformer jusqu’à la fin de sa vie. Malgré de longues années passées au désert, loin du monde et de ses distractions, il s’est rendu compte que ce n’était pas lui, le vrai contemplatif, la vraie contemplative, c’était sa mère. Carlo, qui avait choisi la voie érémitique, a compris en écoutant sa mère, qu’elle était beaucoup plus proche de Dieu que lui. Sa mère, qui avait tout donné à sa famille nombreuse,qui les avait nourris, qui les avait soignés lorsqu’ils étaient malades, qui avait fait autant de sacrifices pour leur assurer une bonne éducation,Sa mère, qui n’avait jamais connu de temps libre pour elle-même, mais qui s’était renoncée entièrement pour sa famille…Dans un bref moment, confronté par tous les sacrifices de sa mère pour sa famille, Caretto a reconnu en elle, la présence extraordinaire du Dieu que lui-même cherchait autant dans le désert.Et grâce à sa mère, le jeune ermite s’est rendu compte que oui, bien-sûr, Dieu se trouve au monastère, dans l’ ermitage au désert, dans le couvent et presbytère, mais souvent, la beauté de la présence divine rayonne de ce qui est nous semble ordinaire, banal, presque inaperçu…« Où est-il ton Dieu ?, se demandait Carreto, « Ne cherche pas, ne bouge pas, Il est là ! Où tu te tiens, c’est le Dieu de ta vie ».
Oui, la gloire de Dieu se dévoile discrètement dans l’échange fraternel autour d’un repas familial.Dieu se révèle là où on entend les rires d’enfants.La gloire de Dieu rayonne là où l’étranger, le réfugié, et le plus faible de notre société reçoit un accueil chaleureux. Bref, là où demeure la charité, Dieu y demeure aussi….
L’Évangile de ce deuxième dimanche de Carême nous invite à nous retirer de nos mondes pleins de bruit et de distractions et à contempler même pour un bref instant la gloire de Dieu qui rayonne de la face du Christ transfiguré. Ce bruit incessant qui nous entoure nous rend souvent sourds à la voix du Christ, et à son appel qui résonne dans nos cœurs. C’est pourquoi il est bon de prendre du temps avec les disciples au Mont Tabor, pour contempler le Christ transfiguré qui nous manifeste sa gloire divine, puisque cette contemplation nous permet d’expérimenter dès ici-bas, la joie qui nous attend au ciel.
Remarquez que pour le peuple hébraique, la « kabod Adonai », la gloire de Dieu, est quelque chose qui pèse…c’est une réalité divine qui laisse sa trace sur ceux qui la voient. L’image de la « gloire de Dieu » dans la Bible est celle des nuages qui se séparent un instant pour laisser rayonner le soleil qui était caché derrière. De même pour les disciples au Mont Tabor. Dans un seul instant, la gloire de Jésus est dévoilée.Les disciples contemplent cette gloire et entendent la voix du Père qui confirme la divinité de son fils. Comme nous à Paques, ces hommes fragiles qui vont témoigner plus tard la passion et la mort du Christ, sont renforcés des prémices de sa glorieuse résurrection…
« Oui, il est bon que nous soyons ici », et il est bon que nous soyons appelés à témoigner de la gloire de Dieu qui rayonne de la face du Christ.Mais il est bon que nous descendions de la montagne aussi…il est bon que nous retournions à nos vies quotidiennes, puisque notre expérience au Mont Tabor nous permettra de porter aux autres, la flamme de la gloire de Dieu qui nous a été révélée là-haut. Oui, il est bon de redescendre du Mont Tabor, car notre monastère à nous, c’est la vie quotidienne. Et notre mission de chrétiens, c’est de porter la joie et l’amour du Christ à nos frères et sœurs qui en ont tant besoin…
Vendredi prochain, le 17 mars, nous, les Irlandais, nous célébrerons Patrick, notre saint patron. La participation enthousiaste et joyeuse du monde entier dans nos fêtes nous réchauffe le cœur et nous rappelle que notre petit pays continue à jouer un rôle politique et culturel importants dans le monde. Mais il ne faut pas oublier que derrière la musique, et le costumes, derrière les défilés et la Guinness, est Patrick, l’homme de Dieu,qui lui aussi a rencontré Dieu dans l’exil d’une terre étrangère.Patrick, entendit l’appel divin d’aller apporter le Bonne Nouvelle au peuple irlandais. Patrick connût bien des souffrance et de doutes. Il aurait peut-être préféré rester dans sa solitude pour contempler la gloire du Christ qui avait enflammé son cœur. Mais il est bon pour nous que Patrick redescendit de son Tabor de gloire, puisque c’est grâce à son courage et son témoignage que nous avons reçu la Bonne Nouvelle. Et c’est grâce à lui que nous pouvons, nous aussi, contempler la gloire de Dieu le Père qui rayonne de son Fils. Et enfin, il est bon de laisser la dernière parole à Patrick lui-même qui dit :
Le Christ avec moi, le Christ devant moi, le Christ derrière moi, le Christ en moi, le Christ au-dessus de moi, le Christ au-dessous de moi, le Christ à ma droite, le Christ à ma gauche, le Christ en largeur, le Christ en longueur, le Christ en hauteur, le Christ dans le cœur de tout homme qui pense à moi, le Christ dans tout œil qui me voit, le Christ dans toute oreille qui m’écoute. Amen
DG
Homily given at the Basilique du Sacré Coeur, Sunday 12th March 2017